Jour 19 – Jour 24 Ojai – San Diego
La flemme pointe parfois son nez quand il faut écrire régulièrement. Mais des choses tellement extraordinaires nous arrivent tous les jours, qu’on se dit qu’il faut en témoigner.
On a par exemple, rencontré Jerry sur le chemin pour aller à San Diego. Il était à vélo-couché et il avait du temps à donner (retraité). Il nous a donc amené faire un tour dans le campus de l’université de San Diego où il a travaillé toute sa vie. Il nous a dit : « Suivez moi et vous ne regretterez pas votre passage aux États-Unis ! » Oui, dit comme ça, ça peut paraître louche, je vois déjà quelques pensées perverses vous traverser. Jerry a été notre guide pendant quelques heures, nous montrant çà et là des œuvres d’art disséminées dans le campus, dont une de Nikkie de Saint Phalle. Nous n’aurions jamais découvert cela sans lui.
Arrivés à San Diego, nous nous installons dans un hôtel glauquounet à souhait (bah oui c’est cher les states!), pour trois nuits, où les homeless à quelques rues de là ont fait leur royaume. On reçoit un message de Julie et Erick, deux québecquois qu’on avait rencontré au camping de Santa Cruz et jamais revus. « On est à San Diego, et vous ? » « Bah nous aussi c’est fouuuuu ». Nous on a pris le train hein, eux ils y sont allés avec leurs gambettes. Mais peu importe, on passe de très bons moments ensemble à se raconter nos aventures et à rire, à aller à vélo sur l’île de Coronado. On se rend compte que le français du Québec est une langue un peu pareille et beaucoup différente du français de Paris. On adore les entendre parler (eux aussi doivent se marrer en nous entendant!). On se promet de se revoir un jour…
Nous ne tombons pas tout de suite sous le charme de San Diego. Une ville moins walkable que San Francisco, avec moins d’histoire. Des building gigantesques et des quartiers qu’on trouve sans âme (ce n’est que notre humble avis!). Peu à peu, on découvre le quartier Gaslamp, avec tous ses petits restos et bars, le quartier little italy, avec pleins de resto italiens, le Balboa Park où tous les musées sont réunis avec des jardins aux diverses végétations. Nous rencontrons alors un couple de français de Nouvelle Calédonie, qui nous interpellent. Jean-Christian et Geneviève nous disent alors qu’ils sont venus expressément quinze jours à San Diego, tellement il y a de choses à faire, tellement cette ville est géniale ! On vous l’avait dit, ce n’est que notre humble avis.
On a aimé, cependant, le peu de monde qu’il y avait dans cette ville (mais où sont les gens ? S’est-on souvent demandé). Aucune saturation, ce qui nous évite beaucoup de stress. Y faire du vélo est alors très agréable. Le ciel bleu est permanent, et toujours cette gentillesse sociale des américains. L’argument ultime pour adopter cette ville est le restaurant Cheesecake Factory (oui il y en a dans les autres villes américaines, mais c’est le premier qu’on essayait). On y a mangé deux fois (succulentes et énormes salades) et emporté un cheesecake à manger à l’hôtel une fois. Au total nous avons goûté le cheesecake au cookie, au potiron et à l’Oréo. Nous décidons de rester deux jours de plus dans un autre hôtel mieux placé et…mieux, pour recharger nos batteries car la prochaine étape est : Le Mexique !!!
Jour 25 San Diego – Rosarito (Mexique)
C’est sous une pluie battante que nous vous écrivons de Rosalito, petite ville après Tijuana, près de la mer. On ne s’attendait pas à cette météo après avoir quitté la Californie, où il a peu plu(quelques gouttes) depuis 7 ans. Nous quittons San Diego en emportant avec nous toutes les histoires que l’on a entendus sur le Mexique : les bonnes comme les mauvaises. Sur le chemin de la Californie, nous avons rencontré quelques personnes revenant du Mexique à vélo, nous disant qu’il n’y avait pas de danger pour les voyageurs vélo, que c’était un pays magnifiques avec des gens adorables. Mais bon, on ne savait pas à quoi s’attendre et nous quittions cette Californie si confortable pour aller vers l’inconnu. Pour San Diego, l’inconnu est à 36 kms : Tijuana. Nous y arrivons sans difficulté. Nous passons la douane avec les piétons après avoir réussi à passer le tandem dans des portiques métallisés. Thomas veut filmer le passage, Cyrielle veut rester concentrée car elle est un peu stressée. Une nuée de touristes asiatiques passent la frontière avec nous, tout contents d’aller à Tijuana ! Oh c’est dangereux les gars, prenez un air grave et fermez bien vos sacs! Vous pourriez y retrouver de la droguaaaaah !
Tout se passe tranquillement et quelques minutes plus tard, on arrive dans la ville de Tijuana. Gros bazar ! On est concentré, ne pas trop traîner, direction Rosarito. On s’aventure alors sur une route avec énormément de circulation, peu de bas côtés. On n’est pas à l’aise du tout. Les grosses villes, c’est l’enfer des cyclistes ! Quelques minutes de pédalage intensif et nos cerveaux allant à 100 à l’heure, on voit sur un espace attenant à la route, un beau blond aux yeux bleus nous faisant signe de quitter la route. On n’hésite pas un minute. Ce jeune homme de la trentaine, sportif, beau gosse (Thomas et Cyrielle sont d’accord sur ce point, ce qui est très rare car Thomas n’arrive pas trouver beau les hommes, breeef c’est un autre débat) nous attendait. Il nous a vu galérer et il s’est arrêté pour nous aider. Il a un pick-up et il peut nous déposer quelque part où ce sera moins dangereux. Comment ne pas croire en la bonté humaine ?
Cet ange descendu de son Pick-Up s’appelle Guy (à prononcer à l’américaine, « Gaille »), il nous aide à tout installer et hop c’est parti. Il nous raconte alors qu’il habite à Rosarito, qu’il est cycliste professionnel, mais surtout qu’il travaille dans une mission catholique près de Rosarito (voir le site de son association Hope Sports), établissement que gèrent ses beaux-parents. Le but de cet endroit est d’accueillir des étudiants, des employés de grosses entreprises et toutes personnes voulant faire du bénévolat dans des conditions confortables. Leur spécialité est de construire des maisons pour les familles pauvres des environs. Un week end pour construire une maison en bois décente ! Nous nous retrouvons dans cette mission : un magnifique endroit chaleureux et charmant. Il nous invite à y manger, oui c’est l’heure du déjeuner. Autant vous dire, que là, on se prend une claque, on est tout chamboulé, on passe du pire au mieux, expérience très étrange. Un peu sonnés, on se laisse aller à l’ambiance familiale qui y règne. Une petite prière avant le repas, des discussions avec des personnes au chemin de vie atypique. La question de la rémunération nous traverse l’esprit. On parle avec des volontaires qui ne sont pas payés, Guy non plus d’ailleurs… Comment font-il ? Des débuts de réponses qui nous montrent, qu’ils vivent en dépareillant travail et argent. Fatigués, nous acceptons la proposition de Guy, de nous ramener à notre hôtel…On a besoin de temps pour digérer ce qui vient de nous arriver.
Avant de nous quitter, il nous dit qu’il y a justement une course à vélo samedi, qui est très sympa, où les gens se déguisent, qui fait Rosarito-Ensenada et que la route sera réservée aux cyclistes. On décide donc qu’on restera une semaine ici à profiter du beau temps (ah non mince il pleut!). À prendre notre temps alors…