14 Février 2017 Cancun…Cartagena !
Qu’est ce que la guigne? Tout le monde ne connaît pas ce terme, mais, nous en avons tous fait l’expérience à un moment de notre vie. Et surtout, tout le monde connaît une personne guigneuse dans leur entourage. C’est celui qui rate très souvent son train à une minute près. Celui qui s’assoit dans une rame de RER vide et qu’un monsieur bizarre entre et s’installe juste à côté de lui. Celui qui dans la foule, va être le seul à se prendre sur la tête une fiente de pigeon. Celui qui oublie son ordinateur portable dans le métro à un mois de rendre son mémoire de fin d’étude… Ce sont souvent des personnes qui adoptent l’autodérision comme mode de vie et sont de très bons amis, avec toujours une bonne histoire à raconter. Pour visualiser de plus prêt ce qu’est la guigne, écoutez cette magnifique chanson d’Oldelaf :
Au vu de cette définition, nous nous considérons comme de personnes plutôt épargnées.
Heureusement le voyage est là pour nous ouvrir à de nouvelles expériences. C’est ce merveilleux concentré de guignes que nous allons vous raconter maintenant.
Tout a commencé au Quintana Roo, la dernière région parcourue de notre cher Mexique, où nous avons dû réfléchir à la suite de notre voyage. Cuba était une solution réjouissante, pour le rhum, la salsa, la proximité avec Cancun et tous les bons échos que nous en avions eus. Or sur le chemin, nous rencontrons un voyageur à vélo sympathique qui nous fait douter. Il y est resté deux semaines et demi et il aurait aimé partir avant. Les gens ne sont pas particulièrement sympathiques, c’est très cher, nous ne pouvons pas faire de camping chez les gens (comme on l’a souvent fait au Mexique) et internet est quasi inexistant.
Nous nous imaginions coincés à cet endroit, en train de subir la situation. Et nous ne regrettons pas notre décision car nous avons croisé une autre voyageuse au long cours, qui y avait eu une mauvaise expérience. Nous savons que Cuba peut être une destination très sympa si nous restons dans les sentiers touristiques. Néanmoins, le voyage à vélo et la dynamique dans laquelle nous sommes ne nous semble pas compatible avec ce genre de pays.
Les parents de Thomas devaient nous y rejoindre. Ce n’est pas grave, ça pourra être au Costa Rica!
À ce même moment, nous avons une proposition pour aller vivre un mois et demi dans une maison magnifique au Panama pour garder 4 chiens, les propriétaires voulant partir en vacances (via le site web MindMyHouse). Tiens, c’est une bonne idée pour vivre différemment le voyage et se poser un peu. Nous sommes les premiers à répondre, nous faisons une lettre de motivation du tonnerre. Non, nous n’avons pas de certificat, ou de lettre de recommandation, mais bon, on est des gens bien quand même! Bon, on avait pas mal d’espoir.
La réponse tarde, alors on prend une décision. Nous réservons un vol Cancun-San José (Costa Rica). Comme ça si la réponse est positive, nous pourrons rejoindre aisément le Panama, et puis sinon, nous attendrons les parents de Thomas en faisant un petit tour au Costa Rica.
Les proprios nous répondent. Ils ont préféré choisir un «fellow» canadien. Grrr leçon numéro 1 : faire de fausses attestations en-veux-tu-en-voilà pour parvenir à nos fins. Cette décision irrévocable en tête, on se dirige vers l’aéroport de Cancun, quatre heures avant le vol.
Ce moment de prendre l’avion, n’est jamais agréable pour nous. Il faut séparer en trois parties notre tandem, l’emballer de papier plastique et papier bulle. C’est lourd, ça fait mal au dos ! On doit répartir les sacs autrement. Bref, nous avions assez de deux heures pour tout organiser. Arrivés au guichet, on nous dit qu’il faut absolument un billet qui prouve notre sortie du Costa Rica. Bahhh, nous on sort du territoire avec notre tandem ! Ah, ça marche pas. Voilà donc Thomas arpentant l’aéroport à la recherche d’une connexion internet : pas au starbucks, plus de puce internet dans les deux magasins du lieu. Le stewart veut bien nous passer le code wifi de sa compagnie, pour que l’on pré-réserve un billet d’avion qui s’annulera sous 48h si on ne paye pas (Copa Airlines fait ça, pour ceux qui on le même problème). Leçon numéro 2 : La société met en place des règles complètement @#&µ*$.
Le soir, nous arrivons au Costa Rica, dans une auberge de jeunesse accueillante, un peu pourrie aussi. On fait des rencontres sympas : deux salvadoriens en volontariat, une française artiste, deux américaines hilarantes. On nous redit assez vite, que le Costa Rica, c’est hyper cher, et que nous sommes au plus haut pic touristique. Tout le monde a trouvé un bon plan de volontariat (être logé/nourris en échange de 4 heures par jours de boulot). Nous, on postule à des annonces (sur WorkAway), mais pas de réponse… Bref on comprend vite qu’au Costa Rica, on paye en dollars, tous les petits américains font monter les prix, ont tout réservé un mois à l’avance et que ce petit business de volontariat ne nous attend pas les bras ouverts. Sauf qu’on a un mois à attendre les parents de Thomas, et qu’on ne se voit pas participer à ce grand show marketing/touristique qu’est le Costa Rica. (Encore une fois, ce constat est relatif à notre voyage à vélo, de là où on en est…)
On bafouille donc encore sur la route à prendre. Nous passons par des jolies routes de montagnes mais nous refaisons parfois machine arrière sur des routes ennuyeuses et non-recommandées pour les cyclos. Nous changeons 10 fois d’avis. Non décidément, le Costa Rica, on ne le sent pas pour cette fois-ci, il faut s’en aller vers le Panama pour rejoindre la Colombie en ferry. Crevés et lassés, nous voulons prendre une chambre d’hôtel. Le meilleur prix que l’on obtient est 50$ en cash, pour un hôtel en bord de route principal, transformé en maison de retraite pour vieux canadiens. Raaaaahhh ! On veut juste un lit quoi ! Et on ne peut pas camper ! Enfin bref bref bref…vous devinez peu à peu que l’on prend tout cela en grippe. Pas mal de dollars plus tard, un taxi qui nous arnaquent, deux bus de 10h (toujours quelques rencontres sympas sur la route, quand même), nous arrivons à Panama City !!!
Panama City, ça fait rêver ? Eh ben non ! Nous remontons le vélo après que le bus nous ait déposé et nous nous dirigeons vers l’hôtel que nous avons réservé dans la journée. Un quartier un peu glauky (mais pas cher!), la dame de l’accueil nous disant qu’elle ne peut pas stocker notre « bici », une jeune touriste criant et frappant dans les murs (sous drogue ? décompensation?), nous décidons de changer d’urgence d’hôtel. Et bien sûr, le seul hôtel « sécurisant » est un hôtel bien au dessus de nos moyens, mais au moins on s’y sent bien. Quelques jours plus tard à Panama City, nous nous rendons compte que le ferry N’EXISTE PLUS ! Aaaarrrrgggghhhhhhh. Nous reprenons donc un avion de Panama City à Cartagena, avec une escale, ce qui pourrait abîmer le vélo. Nous vous épargnons toutes les petites guignes guignes guignes en conséquence de cela (par exemple, le paiement par CB sur le site qui n’est pas accepté et où il faut appeler un call center pour valider le paiement…)
Nous sommes enfin dans l’avion, et nous commençons à nous détendre. Verrait-on la fin de la guigne pointée le bout de son nez ? Patience lecteur, nous ne sommes pas encore au bout de nos peines. Pour prendre notre deuxième avion Bogota-Cartagena, nous avons une heure et demie de battement. La file d’attente de la douane est gigantesque et nous demandons à plusieurs agents si nous ne devons pas passer en priorité. Non, non, vous avez le temps ! Bon, on patiente et puis et puis, on se dit que c’est trop lent. On gruge ! Gggrrr leçon numéro 3 : toujours écouter son instinct. Le douanier nous demande s’il peut venir voyager avec nous (quelle blague!), on lui arrache notre passeport et nous courons. Nous croisons une hôtesse de l’air de la compagnie qui nous dit, vous êtes 10 à être en retard, courez, courez et vous l’aurez !!! Nous devons donc comprendre ses informations en espagnol et faire le meilleur sprint/slalom de notre vie. Après deux passages aux rayons X où nous devons enlever notre ceinture et nos ordinateurs, où les agents non-chalants nous passent leur détecteur sur notre corps (Maiiiis grouillleeeezzz vouuusss!!!), nous arrivons à l’heure pile quand les portes se ferment. Bye bye l’avion ! Et comme nous n’avions pas assez croisé de gens désintéressés et frustrés de leur boulot, l’hôtesse qui nous arrête, nous dit quelque chose d’incompréhensible en espagnol. Nous comprenons que le prochain vol est dans 45 minutes, que l’on ne doit pas repayer (ouf!). Nous nous effondrons sur les sièges de l’aéroport et ruminons !
La nouvelle hôtesse nous appelle à venir se présenter, nous lui tendons nos passeports. Et là le coup de grâce : « Ahhh mais nooon, vous devez vous ré-enregistrer blablabla, vous ne pourrez pas prendre cet avion, blablabla biiiiiiippppppp ». En toute pudeur, nous abdiquons et Cyrielle pleure de rage. Leçon numéro 4 : ne pas faire confiance à ce genre de chaîne humaine blasée de la vie/ Ne jamais compter que sur soi-même.
Nous avons mis quelques jours à digérer cette accumulation d’événements et avons décidé que le cercle vicieux s’arrêtait là. Bon le portable de Cyrielle a rendu l’âme hier, mais elle met ça sur le compte d’une bénédiction. Elle va enfin pouvoir de désintoxiquer des réseaux sociaux. Soyons Zen, restons positif !