10 mai-17 mai Medellin – Anserma 245km
Cyrielle avait bien préparé l’itinéraire. On devait mettre 3 ou 4 jours pour atteindre Jardin d’Antioquia. Elle pensait que seul le dernier jour allait être haut en couleur. En tout cas, le premier jour allait commencer en douceur. Faux ! Cela a été notre « pire » jour. Déjà, les dénivelés ne se sont pas faits attendre. Puis pour éviter la « grosse » route, nous décidons de passer par une route secondaire, magnifique, soit-dit-en passant.
À un moment le GPS nous indique qu’il faut prendre une autre route, mais laquelle ? On ne voit que des chemins de terre qui partent de la route bitumée. À ce moment là, Cyrielle commence à ne pas être à l’aise. Elle n’aime pas se sentir in the middle of nowhere… Mais bon, c’est bien cette route caillouteuse et cabossée qu’il faut prendre. Comme c’est l’hiver ici, il y a déjà de grosses flaques d’eau, de la gadoue, qui rend la conduite aventureuse. Mais « Papi », notre vélo, tient bien la route. Nous croisons des cabarellos, des paysans à cheval (moyen de transport répandu des montagnes colombiennes), qui nous confirment qu’on peut rejoindre la route principale par là. Quelques instants plus tard, la pluie torrentielle s’abat sur nous. Le chemin devient un courant d’eau. Nous croisons de nouveau un monsieur, tout sourire, près de sa petite maison qui nous dit « bienvenue en hiver ! ». On hésite à lui demander de nous abriter un peu, et puis non, allez, on continue. De toute façon, maintenant on est trempé.
Nous essayons de garder le moral même si après coup, on se sera avoué que l’un avait peut de ne pas arriver avant la nuit et que l’autre avait peur d’un orage foudroyant comme on en a connu un jour sur deux à Medellin. C’est très sportif et ça demande une concentration de chaque instant. Le vélo s’enlise de nombreuses fois dans la boue, les sacoches tombent, la roue qui se dégonfle…et nos pieds s’enfoncent dans la boue jusqu’aux chevilles. Néanmoins, quelque chose est apaisée en nous, on vit le moment présent. Le tout est d’avancer et d’avoir confiance. Nous sommes dans la montagne colombienne, c’est beau et on vit un temps d’équipe unique! Ce qui nous étonne toujours c’est que des personnes vivent là. Une maison familiale isolée de-ci de-là, dont le seul moyen de communication est un chemin impraticable en voiture…
On déploie une force incroyable. Sûrement car on ne peut pas s’asseoir et pleurer en attendant que ça passe. Heureusement qu’on s’est arrêté manger une soupe avant (si on avait su, on aurait englouti un repas entier!). Petit à petit on avance, et on voit le bout du tunnel. Il s’arrête de pleuvoir et on retrouve en contrebas, la route principale. Alors là, nous sommes trop fiers de nous !!! Pas de drame et une super expérience ! On découvrira plus tard que Papi y aura laissé un rayon.
Nous rejoignons la ville d’Amaga en passant par une station essence pour nettoyer le vélo et nos chaussures pleins de boue.
Les jours suivants sont faits de dénivelés. On reste sur la route cette fois-ci ! Elle n’est pas trop empruntée, en fait. On mouline bien mieux qu’avant. Nous dormons dans des villes plus ou moins charmantes et pas du tout touristique. On aime cette sensation d’être dans une petite ville dynamique où les gens vivent, travaillent, où on peut tout acheter, où on peut manger (que!!!) colombien. On observe la vie autour de nous et on adore. Notre jeu est de trouver un restaurant où on peut manger autre chose que du poulet/riz/haricots rouge et généralement, ce n’est pas si simple.
Nous sommes très fiers quand nous arrivons à Jardín avec nos papattes et que les gens ouvrent de grands yeux quand on leur dit qu’on vient de Cartagena. Cette grosse bourgade est belle, centrée d’une gigantesque place carrée où des cafés, des billards français se succèdent autour de l’église. Les maisons sont blanches avec des touches de couleur. Et surtout, nous sommes entourés de montagnes verdoyantes, dont les plantations de café sont à l’honneur. Nous logeons dans un petit hôtel avec une vue magnifique sur les montagnes et le ruisseau en contrebas. Bref, on est sous le charme !
Il a 4 restaurants où on peut se régaler ! Notre instinct nous a mené dès le premier jour dans une crêperie tenue par une Colombienne ayant vécu en France pendant 23 ans. Ensuite, Tripadavisor nous a conseillé une pizzeria délicieuse, un resto aux saveurs de l’Asie et un autre resto trop bon. Oui, nous parlons que de manger mais c’est important !!!
Jardín est au début de sa carrière touristique internationale, mais dans quelques années, elle ressemblera à San Cristobal de las casas, au Mexique, que l’on adore aussi. Pour quitter Jardín, nous décidons de prendre un bus car il y a énormément de dénivelés sur une route de boue (notre masochisme a des limites), notre hôte s’inquiète quand on lui dit qu’on veut y aller à vélo. Le jour suivant nous continuons la route… direction Filandia/Salento.